Cathédrale Notre-Dame de Rodez
Cathédrale Notre-Dame de Rodez

photo : Viet, Région Occitanie

La cathédrale Notre-dame de ROdez

Cathédrale de Rodez
Cathédrale de Rodez © Rodez agglomération

La cathédrale de Rodez : du gothique flamboyant à la Renaissance

À partir de 1440, un chantier d’une ampleur considérable fait de Notre-Dame de Rodez l’une des cathédrales françaises les plus riches en réalisations de la fin du gothique et de la Renaissance. L’existence d’une solide documentation écrite contribue à l’exemplarité de l’édifice pour la connaissance du fonctionnement des grands chantiers religieux de cette période. Les sources de financement, l’identité des commanditaires, le rôle de la maîtrise d’œuvre sont autant de points qui sont ici éclairés par les archives. Le congrès archéologique de France tenu dans l’Aveyron en 2009 et publié en 2011 a été l’occasion de renouveler les connaissances sur la cathédrale, ainsi que de publier les découvertes récentes (articles de Michèle Pardalier-Schlumberger, de Caroline de Barrau et d’Etienne Hamon).

Entrée de la Cathédrale
Portail sud de la cathédrale © Rodez agglomération

Après une interruption due aux conflits de la guerre de Cent Ans, le chantier de la cathédrale reprend en 1445 et se poursuivent sous les épiscopats de Guillaume de la Tour (1429-1457), de Bertrand de Chalençon (1457-1501) et de François d’Estaing (1504-1529).
Le palais épiscopal et l'enceinte de ville doivent être détruits pour faire place à la nouvelle nef à partir de 1474. L’extrémité ouest de la cathédrale, construite hors de l’enceinte, prend alors une allure massive et se voit doter de percements réduits.
La façade sud du transept, pour laquelle une importante commande avait été passée au sculpteur et architecte lyonnais Jacques Morel en 1448, est en soi « un monument exceptionnel. Les contrastes entre les matériaux, calcaire et grès, la rigidité du cadre et les remplages ondulants marquent cet ensemble qui prend l’aspect d’un vaste retable. Il exercera une influence durable sur l’architecture flamboyante rouergate, sensible, par exemple, à l’église Saint-Jean d’Espalion.
Les parties hautes du chœur sont achevées entre les années 1440 et 1470 ; dans le même temps débute la construction de l’enveloppe de la nef, qui s’appuie sur le transept récemment achevé, et de plusieurs de ses chapelles. Entre 1470 et 1490, les parties hautes des deux travées orientales de la nef sont édifiées et les fondations des quatre travées occidentales, qui prennent la place de l’ancien palais épiscopal, de la muraille et des fossés de la ville, sont réalisées. Les armoiries de Bertrand de Chalençon présentes sur la façade signalent l’avancement du chantier au moment de la fin de l’épiscopat de ce dernier en 1501.
L’installation de François d’Estaing sur le siège épiscopal en 1504 ouvre une période faste pour la cathédrale, conclue par son achèvement cinquante ans plus tard. L’incendie de la flèche en charpente et du beffroi de la tour implantée au nord du chœur au XIVe siècle offre à l’évêque l’occasion d’une construction qui marque son épiscopat. Le clocher, achevé en 1526, est réalisé par l’architecte Antoine Salvanh. Les références aux modèles toulousains et albigeois y croisent celles, plus affirmées, de l’architecture flamboyante du nord de la France. Le chantier de la nef est activement poursuivi sous la direction de Salvanh ; les parties hautes  sont ainsi achevée en 1542, ce qui « marque l’aboutissement de 250 ans de tradition gothique ininterrompue » (Etienne Hamon).
Tout en portant l’affirmation du gothique flamboyant dans l’achèvement de la nef, Salvanh montre une maîtrise du vocabulaire antiquisant de la Renaissance qui amène à lui attribuer la tribune à voûtes plates construite au nord-ouest de la nef et à proposer de la dater vers 1540.

Façade de la Cathédrale
Façade de la cathédrale © Méravilles, Rodez agglomération

L’élément renaissant qui reste attribué unanimement à Guillaume Philandrier est la miniature de façade à la romaine, unique en France, inspirée de Vitruve et Serlio, qui décore le pignon de la façade occidentale et dont la réalisation peut être située entre 1550 et 1560. Expression du triomphe de l’Eglise romaine en période de réforme et manifeste de modernité, elle constituait, encore selon Etienne Hamon, « un accomplissement autant que le point de départ d’un nouveau style ». 

Mise au tombeau © Rodez agglomération

Trois œuvres conservées à l’intérieur de l’église confirment le goût pour ce nouveau langage « à l’antique » : la porte de la sacristie et l’ancienne clôture de chœur, deux commandes de François d’Estaing, et le retable de la Mise au tombeau, exécuté à la demande du chanoine Galhard Roux.

Réalisé vers 1520-1523, le retable de la Mise au tombeau est composé à la manière d’un arc de triomphe et utilise un large répertoire de motifs antiquisants : rinceaux, grotesques, êtres hybrides, putti et cornes d’abondance sont employés à profusion, débordent même du retable sur les murs peints de la chapelle.