Cathédrale Notre-Dame de Rodez
Cathédrale Notre-Dame de Rodez

photo : Viet, Région Occitanie

Les maisons de ROdez de 1450 à 1550

Tympan maison d'Armagnac
Tympan maison dite d'Armagnac © Tordjeman, Rodez agglomération

L'impulsion du nouveau style à Rodez est largement donnée dans la cathédrale par l'action des deux évêques de lapremière moitié du XVIe siècle, François d'Estaing et Georges d'Armagnac, et de puissants chanoines. L'adoption des formes antiquisantes dans l'architecture civile n'est pas systématique, elle semble se faire dans le deuxième quart du XVIe siècle et par des personnalités affirmant dans leurs demeures un statut social important, celui de chanoine, de chapelain ou de seigneur. Cependant, cette introduction n'évince pas la tradition médiévale et le style flamboyant qui sont encore très présents jusqu'au milieu du XVIe siècle.
Outre les recherches formelles, cette période se distingue par l'emploi du calcaire, qui tranche avec le grès rose jusque là dominant.

Blason - Maison Portier
Blason de la maison dite Portier  © Soissons, Rodez agglomération

La permanence du gothique flamboyant à Rodez

Dans l’ancienne Cité, la maison dite Portier, rue de l’Embergue, illustre bien la permanence du style gothique flamboyant dans les maisons du XVIe siècle à Rodez. Elle porte, sur la façade principale et côté cour, les armoiries de l’évêque François d’Estaing. Construite en moellons de grès et pourvue d’une façade en pan-de-bois couvert de grès, cette maison est inscrite dans la tradition de la fin du Moyen Âge, tant par son programme de maison polyvalente et sa mise en œuvre que par le répertoire formel employé : arcs en accolade et large embrasure aux bases prismatiques de la porte de la tour hexagonale de l’escalier en vis.

La majeure partie des maisons et des hôtels cossus de la place du Bourg ou de la rue du Bal montrent des caractéristiques identiques : les façades en grès plaqué sur le pan-de-bois sont divisées par des cordons régnants moulurés et les fenêtres à croisées aux ornements flamboyants sont percées dans ces cadres horizontaux. De très discrets tempietto encadrant de petits jours marquent le changement d’époque en train de se produire.

Maison Benoit
Maison Benoit © Viet, Région Occitanie

Hôtel édifié au XVIe siècle pour le chanoine Jean Pouget, la « maison Benoît » au sud du chevet de la cathédrale, présente de nombreux caractères propres au style gothique flamboyant : le passage voûté d’accès à la cour, l’escalier en vis qui desservait des galeries, des gargouilles gothiques et des fenêtres à croisées moulurées. L’entrée de la cage d’escalier contraste avec le reste de l’hôtel. Elle est décorée d’un tympan encadré de pilastres portant un cartouche sculpté d’une inscription en latin en caractères romains dans le nouveau style de la Renaissance.

La maison de la rue Pénavayre, dite maison canoniale, témoigne du même phénomène d’assimilation progressive d’un nouveau vocabulaire. Les arcades en plein cintre du rez-de-chaussée, aujourd’hui obstruées mais surtout la croisée du premier étage de la façade sur la cour sont quelques aménagements caractéristiques de la première Renaissance dans un ensemble représentatif du siècle précédent.

Maison dit d'Armagnac
Maison dite d'Armagnac © Poitou, Région Occitanie

Les maisons de la Renaissance à Rodez

Le goût pour l’Antiquité se développe à Rodez dans un contexte favorable, suscité par Georges d’Armagnac, qui obtint l’évêché par l’entremise de sa protectrice, Marguerite d'Angoulême, sœur du roi François Ieret comtesse de Rodez. Dès les années 1530, l’évêque s’entoure et protège nombre d’érudits, littérateurs, férus d’architecture ou d’études naturalistes. François Ier fait une entrée solennelle à Rodez en 1533. C’est l’occasion de déployer un luxe de décors pour les pavillons et arcs de triomphe éphémères conçus pour l’évènement : motifs floraux,  chapeaux de triomphe… Hugues Daulhou, commanditaire de la maison d’Armagnac, participe, pour le Bourg, à la direction des travaux.

 La maison dite d’Armagnac, celle dite de l’Annonciation, ou encore l’hôtel de Jouéry, constituent les exemples les plus représentatifs et aboutis de l’art de la Renaissance dans l’architecture privée de Rodez.

Dans un environnement architectural majoritairement ancré dans le XVe siècle, l’hôtel dit maison d’Armagnac constitue le plus belexemple à Rodez de réédification complète d’une demeure durant la première Renaissance. Son décor en fait la singularité et traduit la personnalité d'un commanditaire d'exception, Hugues Daulhou, qui emploie ici les emblèmes et autres allégories chers à la culture humaniste. Il a connu durant les deux premières décennies du XVIe siècle une remarquable ascension sociale. Qualifié de bourgeois de Rodez en 1520, il apparaît dans les textes comme seigneur de la Combe et de la Roquette dès la même année. Ce n'est, semble-t-il, que dix ans plus tard qu'Hugues commanda la réédification de sa maison : les médaillons et pilastres ornant ostensiblement les façades de sa demeure citent précisément ces motifs mis en œuvre sur la clôture du chœur de la cathédrale de Rodez et sur la porte de la sacristie, œuvres achevées vers 1529-1531.

 Trois autres édifices ont connu des programmes comparables à la maison de la place de l’Olmet, nécessitant des remembrements parcellaires considérables, dans des quartiers également très prisés : l’hôtel de Jouéry, édifié rue Saint-Just, vers 1535-1545 par l’officier de justice Jean de Bonald, la maison dite de de l’Annonciation, construite à l’angle de la place du Bourg par le marchand François Dardenne vers 1551-1555, ainsi que la maison dont seule témoigne aujourd’hui la façade à pignon sur rue, à l’angle de la rue du Touat et la place Charles-de-Gaulle.