détail mosaïque
détail mosaïque

© musée Fenaille

Antiquité

L’agglomération gauloise se transforme au cours du Ier siècle de notre ère en une véritable cité à la romaine. Une trame générale organise les espaces autour d’un vaste forum central qui dépasse en dimension ceux de grandes villes de la Gaule romaine telles que Vienne, Arles ou Narbonne. La cité est équipée d’un système d’adduction en eau potable alimenté par un aqueduc franchissant la vallée de l’Aveyron. D’importants monuments publics comme l’amphithéâtre, situé à 300 mètres au nord-ouest de la ville, proclament la gloire de Rome.

Le forum de Segodunum

Forum
Forum © Coulet et Tanière, musée Fenaille

L’emplacement et une bonne partie des vestiges du forum de Segodunum ont été révélés par les fouilles des années 1990-2000 sur la place Eugène-Raynaldy (place de la mairie). De dimensions exceptionnelles (dépassant celles des fora de grandes villes de la Gaule romaine telles que Vienne, Arles ou Narbonne), il mesurait près de 140 mètres du nord au sud, pour une largeur constatée de 61 mètres et supposée de 87 mètres.
La création ou l'extension d'un centre monumental au cœur de la cité est une caractéristique des villes de la Gaule du Ier siècle. À Rodez, elle s'accompagne d'une refonte globale de la trame urbaine : les bâtiments de la ville augustéenne sont abattus au milieu du Ier siècle de notre ère pour la construction du centre civique, religieux et économique de la ville.
Cet ensemble monumental était doté d'une basilique civile qui devait en être le plus bel ornement.

Segodonum semble être pourvue au Ier siècle de plusieurs autres monuments. Outre une inscription antique qui rappelle la construction ou la reconstruction d'un macellum (marché) et de thermes, la ville disposait d'un grand amphithéâtre, exploré au XIXe siècle. Ce dernier, construit dans une conque naturelle, à 300 mètres au nord-ouest du centre de la ville, aurait eu une capacité de 15 000 places et daterait de la fin du Ier siècle ou du début du IIe siècle.
Le podium d'un temple, construit sur un des côtés du forum, est venu s'ajouter aux monuments religieux découverts ou pressentis auparavant passage des Maçons (rangée de colonnes et mosaïques), rue Maurice Bompard (petit bâtiment à abside) et rue Aristide Briand, où un monument éphémère était probablement dédié à un Mars gaulois.
Tous ces éléments se conjuguent, avec la fondation du forum entre 60 et 80, pour situer la véritable mise en forme structurelle de la ville antique durant la seconde moitié du Ier siècle. Ils correspondent à l'affirmation du statut de ce chef-lieu de cité par l'acquisition de tous les attributs monumentaux qui s'y rattachent.

De nombreuses traces de l'habitat gallo-romain ont par ailleurs été découvertes dans Rodez. Construit selon les normes de Rome, en pierres liées au mortier et couvert de tuiles de terre cuite, il présente différents degrés de qualité et de confort. Il existe divers exemples de riches et vastes demeures dont certaines pièces, pavées de marbre ou de mosaïques, étaient chauffées par hypocauste.
Segodunum a également bénéficié de l'eau courante amenée par l'aqueduc de Vors : tuyaux de distribution en plomb et aductions maçonnées enduites de mortier étanche ont été retrouvés en fouille. Le tracé du réseau d'égouts maçonnés et voûtés, en plein cintre, est aussi bien connu.

Point de captage des eaux de Vors photo Agglo
Point de captage des eaux de Vors © Rodez agglomération

L’aqueduc de Vors

(Ier siècle, réutilisé au XIXe siècle)
L'aqueduc de Vors à Rodez traversait la pointe sud-est du territoire d'Olemps. Sa trace a été reconnue depuis la limite communale de Luc et Olemps jusqu'au hameau de Malan. Il fut en partie mis au jour en 1840 par deux archéologues avant d'être réutilisé au XIXe siècle pour alimenter, à nouveau, la ville de Rodez.

Le Mas Marcou (Le Monastère)

Applique
Applique en bronze du Mas Marcou
© musée Fenaille, collection SLA

Au sud-est de la commune du Monastère, en bordure du chemin rural de Randeynes à Mas-Marcou, l'abbé Cérès mit au jour en 1870 les substructions d'une luxueuse villa gallo-romaine à galerie de façade et un riche mobilier. C’est l’une des plus importantes villas connues en Rouergue. La découverte d’une série des monnaies, datant du règne d’Auguste à celui de Valens, atteste une occupation qui s’étend de la conquête de la Gaule à la fin du IVe siècle, voire au début du Ve siècle.

La villa s’étendait sur 150 mètres de longueur et 90 mètres de largeur et comportait une cinquantaine de pièces. Les bâtiments principaux étaient disposés à angle droit derrière une galerie-façade. Les parties les plus remarquables sont la galerie-façade pavée en carrelage de marbres de couleur, de plus de 80 mètres de longueur, les thermes sur hypocaustes et une vaste salle carrée de 12 mètres de côté. L’eau était amenée par un grand aqueduc de 1 mètre de profondeur depuis la source de Fontrosière, distante de 600 mètres, et distribuée par des tuyaux en terre cuite. Les murs enduits de stuc conservaient dans plusieurs pièces des vestiges de peintures. Une partie importante du mobilier découvert au Mas-Marcou est conservée au musée Fenaille.

Les Balquières (Onet-le-Château)

À 1,250 kilomètres au nord du château de Canac, le site des Balquières occupe, sur la rive droite de l'Auterne, une surface d'au moins 10 hectares.
En 1870, l'abbé Cérès remarqua un large monticule sur lequel il releva d'importantes substructions révélées par la sécheresse. Il ne put y entreprendre des fouilles qu'en 1874 ; les premiers coups de pioche confirmèrent qu'il s'agissait d'un établissement de bains gallo-romain de grandes dimensions : rectangulaire, il mesurait en effet 53 mètres de long sur 38 mètres de large ; une vaste aire semi-circulaire bordée par une galerie le prolongeait vers l'est d'une cinquantaine de mètres.
Chauffés par des hypocaustes, comme la grande salle d'entrée de 73 mètres-carrés, 3 bassins se vidaient dans l'Auterne par deux caniveaux et un égout voûté haut de 1,45 mètre et large de 0,63 mètre. Trois autres salles rectangulaires, deux salles rondes de 7 mètres de diamètre et quatre espaces à ciel ouvert complétaient le dispositif. Des indices de colonnades, de sols couverts de mosaïques ou de marbres, de murs revêtus d'enduits peints laissaient entrevoir le luxe de l'établissement.
Dans le même temps, quelques sondages à 150 mètres au nord-est révélaient à l'abbé Cérès des structures d'habitat dans lesquelles il recueillit un mobilier remarquable. Daté initialement du milieu du IIe siècle et vieilli depuis, cet ensemble monumental est interprété comme une agglomération-sanctuaire suburbaine.
En 1979, une longue période de sècheresse a enfin permis de localiser les thermes avec précision et de constater la parfaite fiabilité des relevés effectués en 1874. Les vues aériennes de Jean Dhombres et les relevés au sol effectués par Lucien Dausse en 1983 et les années suivantes illustrent l'essentiel du plan d'un vaste monument.
La même année, la fouille de sauvetage de J.-E. Guilbaut et J.-C. Roux calait la fourchette chronologique de ce secteur entre le début du Ier siècle et le milieu du IIe siècle; les structures mises au jour évoquaient les dépendances de la villa ou du temple.